FR.Le jardin d'enfants, François Delvoye 10 décembre 2007
"La beauté du monde qui va si tôt périr, a deux bords, l'un de rire, l'autre d'angoisse, coupant le cœur en deux." Une chambre à soi, Virginia Woolf.
Cette galerie variée de visages intensément expressifs qui affichent des attitudes différentes pendant l'enfance et dans la vie, est une tentative concertée mais aussi subtilement dérangeante de brouiller les pistes entre l'innocence et l'âge adulte, entre la candeur et l'angoisse du monde. La série de photos occupe une place particulière dans la longue tradition du portrait photographique ainsi que dans l'œuvre de Marie-Jo Lafontaine.
La société derrière le portrait
Les photographies présentent des yeux rieurs et séducteurs regardant droit vers l'objectif ; ou une attitude étrangement adulte, réfléchie, montrant que la relation avec le photographe est parfaitement comprise ; ou des attitudes ludiques, les mains devant les yeux, timides ou naïves. Tous, cependant, dissipent toute idée préconçue que nous pourrions avoir de la candeur et de l'inexpérience de l'enfance. Les confrontations et les émotions visibles nous montrent que toute insouciance est déjà substantiellement altérée par le processus de vie et la personnalité des modèles, qui est subtilement empreinte de leur propre forme de maturité.
On nous rappelle que cette période de la vie n'est pas ce qu'elle est généralement censée être, ce n'est pas ce qu'une étiquette pratique nous dit, c'est-à-dire que les futurs consommateurs de la vie sont incapables de faire des choix ou de façonner le monde à leur guise. Ces visages sont tous des possibilités d'expression de soi, de changement, d'avenir. Mais il y a aussi une certaine hésitation qui transparaît dans la tension entre le rire et l'angoisse.