“we are all shadows” 1991
Dans la vidéo We are all shadows (1991), dans l’installation multimédia du même nom datant de 1992, le travail de la mémoire et son ombre portée, l’oubli, sont explorés au fil d’une interrogation inquiète sur notre statut d’être humain. Qu’en est-il de l’humain lorsqu’il est archivé, réduit à un ensemble de données, de traces ? Dans la vidéo, une main tourne un globe terrestre. Dans Le Dictateur, Charlie Chaplin jouait au bilboquet, dansait avec un globe devenu son objet, condensant en cette scène la folie d’Hitler. Chez Marie-Jo Lafontaine, une main anonyme imprime un mouvement de plus en plus rapide au globe qui. Réduits à des bandes, les continents défilent, se déroulent sous le contrôle d’un homme dont nous ne voyons que le haut du visage, les yeux cerclés de lunettes. La main s’emporte dans la folie, augmente la vitesse de rotation. Les mouvements circulaires se voient soumis à une accé- lération, à un emballement de la vitesse qui, échappant à toute maîtrise, se pulvérise en un immense brasier de flammes. Le tournoiement du globe terrestre aboutit à son éclatement, à sa mise à feu. L’homme, apprenti sorcier, a mené la planète à la mort.